Flûte traversière sur génératon nucléaire, pigments naturels sur toile, 75 x 60 cm, 2025
Numéro 2 de la série Une dystopie pour l’homme, un grand pas pour la biodiversité
Friche industrielle réinvestie.
Les hangars aux toits affaissés, les usines vidées de presque toutes leurs machines, les tours de refroidissement éteintes qui trônent au milieu d’une forêt de plantes rudérales qui ont réussi à percer le béton, ces portraits de désindustrialisation reverdie me fascinent. Nostalgie romanticisée d’un passé industriel pourtant si dur, aux coûts humains et environnementaux si lourds ? Distance générationnelle et géographique entre moi et la réalité du travail à l’usine ? Ou ravissement devant la force du végétal qui peu à peu recolonise tout, si peu qu’on le laisse à l’œuvre ? Dans un sol contaminé et asphalté où on a laissé pourrir les restes métalliques ou plastiques d’une activité autrefois fourmillante, le bouleau s’élance, le buddleia fleurit et attire les papillons, qui à son tour attirent les oiseaux. Toute trace de l’occupation humaine disparaîtra-telle sous la verdure ?
Des restes d’un générateur nucléaire rouillent en dodelinant des écrous. Le vent siffle entre les tuyaux qu’il dévisse lentement. Ce phénomène donne aux ratons-laveurs qui ont investi ce tableau post-humain une petite idée musicale.
Du labeur industriel parfois dangereux, souvent sous-payé, puis de l’abandon d’installations pourtant longues et coûteuses à construire, surgit une vie et un optimisme représentés par les plantes et animaux qui s’y invitent spontanément. Les ratons-laveurs, chacun à son niveau dans son parcours de la fabrication puis maîtrise de la flûte, symbolisent le bonheur qu’apporte l’apprentissage ludique et continu tout le long de la vie et qui s’oppose à la mort immobile de l’endroit.
Ce n’est pas un tableau muet puisqu’on y joue de la musique. C’est un tableau qui grouille de vie justement parce qu’y figure la mort.
Toile réalisée à la peinture maison à base de pigments minéraux naturels et sans aucun produit chimique tue-raton.
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